MAFNANDU

Monday, August 21, 2006

WAXTU

Le respect de l’heure est un casse tête en Afrique en général et au Sénégal en particulier. Du temps de nos arrières grands parents, le soleil a souvent servi de repère pour les différents moments de la journée. L’allongement ou le raccourcissement des ombres selon la position du soleil, les ont aidé dans cette quête de la mesure de l'écoulement du temps.Chez les Wolof on distingue : « Suba, Yoor-yoor, Bëccëg, Digg-bëccëg, Njolloor, Tisbaar, Tàkusaan, Marax,Timis... »

S’il est vrai qu’une parole donnée et respectée était selon les anciens une des mesures de la "véracité" d’une personne, l’heure que nous connaissons aujourd’hui avec l’apparition de la montre comme moyen de contrôle permanent du passage du temps est une grande nouveauté pour les sociétés africaines dans leur grande majorité.

Combien de réunions se tiennent à l’heure fixée dans les services de l’Administration ou du privé ? Ne parlons pas des associations, Ong ou des structures traditionnelles de la place. Récemment, trois ministres de la République ont été éconduits pour être arrivés en retard à une réunion interministérielle. Si à ce niveau de responsabilités, le respect de l’heure constitue encore une entrave, qu’en est-il des programmes ou projets exécutés par ces mêmes ministères ?

Dans notre contexte de pays en développement où les voies et moyens de communication ne sont pas encore tout à fait au point et où, il n’est pas rare de passer une heure et demie à deux heures en "car rapid", «Njaga Njaay», "Dim dikk" ou "Tata", pour couvrir la vingtaine de kilomètres qui sépare Pikine de Dakar, les prétextes se servent à la pelle pour se faire excuser son retard.

En réalité, nous avons une très vague notion de l’heure et pour corriger ce défaut, la pratique la plus courante au Sénégal consiste à annoncer une rencontre une à deux heures avant l’heure réelle pour «tromper» les participants qui bénéficient ainsi d’une marge suffisante pour arriver à temps. Cette coutume n’est pas très éloignée du terme «Mbaquus» employé par les parents d’autrefois pour tromper leurs enfants. Donc, par extension, des réunions ainsi planifiées, qualifiées de «Ndaje Mbaquus»(rencontre tromperie) Même si cette tactique permet de tenir des réunions aux heures désirées, reconnaissons l’énorme gâchis de temps de ressources humaines qu’elle entraîne à une époque où le temps représente l’un des biens les plus précieux. Ce n’est pas pour rien que les Américains disent «Time is money» car tout moment perdu ne se rattrape jamais.

Nous ne sommes plus seuls et nous n’avons jamais d’ailleurs été seuls. La gestion rationnelle du temps relève du domaine des stratégies de développement dans un contexte de mondialisation globalisation qui ne nous fera aucun cadeau.

Il est plus que temps de nous extraire de la torpeur des digestions de «Ceebu jén»(Riz au poisson le plat national des sénégalais) quotidiennement arrosées des trois normaux coutumiers en dépit de la dévaluation intervenue le 12 Janvier 1994. Dans notre inconscient collectif, le temps est une denrée inépuisable toujours à notre portée jusqu’au moment où nous le voyons en ennemi redoutable alors qu’il aurait dû être notre ami si nous l’avions dompté et apprivoisé au moment opportun.

Devons-nous continuer à singer notre époque, à exposer des horloges dans nos salons, pour nos heures de repas, le départ pour l’école de nos enfants, le moment de la série télévisée"Brésilienne" ou Mexicaine", à porter des montres sophistiquées, qui sont toujours à l’heure alors que nous les propriétaires, sommes des retardataires invétérés !
DOYNA ! (ça suffit!)
WAXTU(Un épisode de Mafñàndu) SYNOPSIS
Les membres du bureau de l’association de quartier dont les membres sont Timboo (Yankhoba Diop) et Sooke (Papa Demba Ndiaye), Adama(Adama Niang) et Ousmane(Ousmane Gaye) s’est réuni et a pris une décision radicale pour mettre fin aux retards intempestifs aux réunions » : Tout retardataire devra payer à ceux qu’il a trouvés sur place une journée de dépense quotidienne…
Photos publiées avec l’autorisation de Suwa-Pro(Copyright)de scènes de l’épisode «WAXTU» de la série «MAFÑÀNDU»

Labels: